A l'occasion de la journée de la femme : "Nomade" de Ayaan Hirsi Ali

Je viens de terminer la lecture de cet ouvrage : "Nomade, de l'Islam à l'Occident, un itinéraire personnel et politique" écrit par Ayaan Hirsi Ali, publié en 2010, aux Editions Robert Laffont.

Ce livre se trouve à la médiathèque Hélène Oudoux à Massy dans l'Essonne.

" Enfant, elle a fui la Somalie avec sa famille pour des raisons politiques ; puis elle a fui sa famille pour échapper à un mariage forcé ; devenue parlementaire aux Pays-Bas, elle a fui aux Etats-Unis pour se soustraire aux menaces de mort des fondamentalistes musulmans...
C'est au fil de ce périple, tant géographique que spirituel, qu'Ayaan Hirsi Ali est devenue une citoyenne de la démocratie occidentale. Que signifie le fait d'être écartelé entre sa culture d'origine et la culture de son pays d'accueil ? Comment faire face à cet enjeu que constitue pour chacun la nécessaire transition vers la modernité ? Pour répondre à ces questions, dans ce livre qui mêle le récit à la réflexion, Ayaan Hirsi Ali s'interroge sur son histoire personnelle, mais aussi sur celle de ses proches parents, et de quantité de "nomades" dont l'adaptation à la culture occidentale a été douloureuse, voire tragique.
Pour donner aux générations issues de l'immigration les moyens de s'intégrer harmonieusement à un monde démocratique, conclut-elle, nos sociétés occidentales doivent relever un certain nombre de défis. Persuadée que seul un engagement massif de tous les intervenants de la vie publique - Etat, Eglises, citoyens - permettra d'y faire face, elle propose ses propres solutions, nouvelles et audacieuses."

Ce livre est un témoignage douloureux et nous indique le long cheminement par lequel est passé l'auteure pour en arriver à ses convictions actuelles et les trois valeurs dans lesquelles elle croit :

- la valeur des responsabilités,

- la valeur du devoir,

- la réflexion critique.

En voici deux extraits :

Page 301 : "Une culture qui célèbre la féminité et considère les femmes comme étant maîtresses de leur propre existence vaut mieux qu'une culture qui mutile les organes génitaux  des jeunes filles  et les confine derrière des murs et des voiles, ou les flagelle et les lapide parce qu'elles sont tombées amoureuses. Une culture dont les lois protègent les droits des femmes vaut mieux qu'une culture où un homme peut en toute légalité avoir quatre épouses à la fois et où les femmes se voient refuser une pension alimentaire et la moitié de leur héritage. Une culture qui nomme des femmes à la Cour suprême vaut mieux qu'une culture qui déclare que le témoignage d'une femme  possède moitié moins de valeur que celui d'un homme . L'oppression des femmes fait partie de la culture musulmane et de toutes les cultures tribales qui institutionnalisent les passe-droits, le népotisme et la corruption."

 Page 324 : "Les femmes occidentales détiennent le pouvoir. Elles sont désormais implantées sur le marché du travail. Elles ont accès à la contraception, à leur compte en banque personnel, au droit de vote. Elles peuvent épouser l'homme de leur choix ou choisir de ne pas se marier et , si la nature le permet, avoir autant d'enfants qu'elles le souhaitent. Elles ont le droit d'être propriétaires, de voyager où bon leur semble, et de lire les livres, les journaux, les magazines qu'elles ont envie de lire. Rien ne leur interdit d'avoir une opinion sur les choix moraux des autres et d'exprimer cette opinion directement, ou même de la publier.

En Occident, dans la plupart des professions, le plafond de verre qui fait obstacle à la carrière des femmes s'est fêlé même s'il n'a pas encore complètement disparu ; cela nous laisse encore un peu de marge pour aborder d'autres questions plus essentielles. Si le féminisme a encore un sens, les femmes qui détiennent un certain pouvoir devraient vouer leur énergie à aider les jeunes filles et les femmes qui endurent les souffrances de la mutilation génitale, risquent d'être assassinées en raison de leur mode de vie et de leurs idées inspirées de l'Occident, doivent demander la permission rien que pour sortir de leur domicile et ne sont pas mieux traitées que des serfs, marquées et mutilées, échangées sans aucune considération de leurs souhaits. Si vous êtes une vraie féministe, ces femmes devraient constituer votre vraie priorité.

Nous, les femmes des pays riches, nous avons une obligation de nous mobiliser pour venir en aide aux autres femmes. Seules notre indignation et les pressions politiques que  nous serons en mesure d'exercer peuvent conduire au changement."